Comment intégrer le changement climatique dans l’évaluation variétale

Les leviers d’actions sont nombreux pour répondre à toutes les modifications induites par le changement climatique en agriculture. « Et le matériel végétal est l’un d’entre eux : il s’intègre dans des stratégies d’adaptation globales », souligne le comité scientifique du CTPS dans son rapport publié le 7 avril 2025.

Le comité a émis des recommandations sur la manière de mieux prendre en compte l’adaptation au changement climatique lors de l’inscription des variétés au catalogue national (1). Cette prise en compte suppose notamment d’adapter les règles d’inscription et de faire évoluer le dispositif expérimental de chaque section du CTPS afin de proposer une évaluation pertinente des variétés.

Faire évoluer le dispositif expérimental

Le comité scientifique recommande entre autres de mieux caractériser les essais variétaux via l’envirotypage, c’est-à-dire sur l’ensemble des facteurs environnementaux qui affectent la culture. Et que les données ainsi obtenues dans les évaluations soient mieux valorisées. Il propose aussi d’inclure « un (ou plusieurs) site déporté qui soit représentatif du climat futur projeté ».

Le comité suggère par ailleurs de « mobiliser autant que de possible » les essais des sélectionneurs « pour identifier des comportements variétaux intéressants ».

Relations européennes

Le comité scientifique s’est basé sur la littérature scientifique et technique ainsi que sur une enquête menée auprès des différentes sections du CTPS pour établir ce document. Il avait également publié deux précédents rapports, sur la contribution du levier variétal à la transition agroécologique et sur l’incidence de l’émergence de l’édition du génome, qui sont venus nourrir ses réflexions sur le défi climatique.

Ces travaux ont mis en évidence le défi « majeur » que constitue la prise en compte du changement climatique dans l’évaluation variétale. Pour le comité scientifique, il convient « de s’en emparer sans délai » car « il y va de la capacité des filières à répondre au défi climatique ». « Il en va également de la performance du secteur semences et plants français et européen ».

Le défi est néanmoins de « degrés variables entre espèces », liés à la fois à leur physiologie propre et à leur réponse aux stress. Si le comité recommande donc d’intégrer de nouveaux critères spécifiques à l’adaptation au changement climatique, il précise aussi que chaque section du CTPS « doit adapter les règles de décision pour l’inscription des variétés selon les attentes des producteurs et des utilisateurs et les besoins ».

Autour de ces problématiques pour le moins complexes, le CTPS estime enfin que de nouvelles relations pourraient être entretenues « au niveau européen, entre les différents dispositifs nationaux d’inscription des variétés ». Ainsi, « la question traitée dans ce rapport pourrait devenir un thème de travail à l’échelle européenne ».